Comment le prix de l’eau est-il déterminé ?

Louis-Roch Burgard, le président exécutif de Saur, était ce matin « L’invité des Echos ». Il revient sur la régulation du prix de l’eau en France, qui pourrait légèrement augmenté dans les années à venir.

voir la vidéo : comment est calculé le prix de l’eau.

Contrairement à l’électricité et le gaz, le prix du service public de l’eau ne repose pas sur la base d’un tarif unique.

Le prix du service public de l’eau n’est pas le même pour tous les Français. Même si une moyenne existe – selon les chiffres établis sur la base de l’Insee, le prix moyen du service de l’eau revient à 1,20€ par jour et par foyer – le prix oscille. «Selon l’endroit où l’on habite, c’est très variable», explique Philippe Sutarik, du bureau d’études environnement AEM Azur.

Explication? Ce que recouvre ce prix, c’est le coût de la potabilisation de l’eau, de son transport jusqu’aux habitations mais aussi son assainissement, au regard de contraintes géographiques et climatiques.

Ce n’est donc pas l’eau en elle-même, mais le coût du service pour la rendre «bonne à boire» qui est facturé aux citoyens. Les communes ou communautés de communes, les seules détentrices de la fixation du prix de ce service, se basent alors sur plusieurs paramètres.

Le tarif lié à la densité de la population

La densité de la population est un premier paramètre. D’après Sophie Richard, chargé de l’unité Gestion de l’eau à l’AgroParisTech, «le prix de l’eau est moins élevé en ville car les habitations, proches des unes et des autres, sont plus facilement raccordées au réseau d’eau potable.»

En milieu rural, le réseau est plus dispersé. Le transport de l’eau se fait parfois sur des kilomètres de canalisations. D’autant que l’entretien et le renouvellement de ces tuyaux coûtent très cher. «C’est le premier budget des services de l’eau», affirme François Carlier, délégué général de la CLCV, une association nationale de défense des consommateurs et usagers.

La qualité de l’eau aussi responsable de variations de tarifs

La qualité initiale de l’eau puisée dans les ressources naturelles n’est pas la même car certaines eaux sont pompées dans des nappes souterraines où la pollution est moins présente, contrairement à l’eau provenant de lacs ou rivières.

Tristan Mathieu, délégué général de la FP2E, la Fédération professionnelle des entreprises de l’eau, développe: «Le recours aux entreprises de la gestion de l’eau est souvent lié à des sujets de complexité. Lorsqu’il faut traiter des eaux fortement polluées pour les rendre potables, cela génère des investissements particuliers et nécessite de faire appel à des compétences spécifiques. C’est l’une des raisons pour lesquelles les collectivités font appel aux entreprises.»

Des investissements nécessaires pour l’accès à l’eau

Des investissements en matière de captage et d’acheminement devront aussi parfois être réalisés lorsque l’accès à l’eau n’est pas aisé. Sur le bassin d’Arcachon, par exemple, où le sable est abondant, la pose de tuyaux posera moins de problème qu’en Bretagne, région plus rocheuse.

En France, chaque collectivité étant responsable de la distribution d’eau sur son territoire, c’est elle qui décide du niveau d’équipement et vote annuellement le budget à l’équilibre.