Des Des gérants bretons s’opposent au passe sanitaire
Une quarantaine de gérants de cafés et bars bretons ont signé un communiqué commun contre le passe sanitaire. Ils craignent la disparition du lien social de leurs établissements.
Bistrots de campagne, cafés de quartier ou bars de ville, des établissements bretons ont signé un communiqué commun contre la mise en place du passe sanitaire qui doit avoir lieu lundi 9 août si le projet de loi n’est pas retoqué par le Conseil constitutionnel ce jeudi. Intitulé « Pour un bistrot ouvert à toutes et tous : non à l’application du passe sanitaire dans nos lieux de quotidienneté », le communiqué rassemble une quarantaine de bistrots bretons au sein d’un collectif informel.
Pour les signataires, le passe sanitaire « consiste à contrôler, trier et séparer les habitants de la commune, et autres utilisateurs du lieu. Cela revient à refuser de servir un verre ou permettre d’assister à une animation (concert, conférence, exposition, atelier, etc.) à des personnes que nous côtoyons depuis des années ».
Lien social, pas de police sanitaire
« Qui sommes-nous, gérants de bistrot, pour refuser d’accueillir une personne et en accepter une autre ? Qui sommes-nous pour juger que telle ou telle personne est « en règle » ou au contraire « irresponsable » ? Dans tous nos bistrots, notre job est d’accueillir, non de sélectionner », insiste le communiqué.
Une ligne rouge a été franchie en termes de démocratie et d’éthique de notre profession
Avec ce communiqué commun, les gérants veulent mettre l’accent sur leur inquiétude. Le passe sanitaire est un sujet clivant. Si on enlève l’accès aux bistrots, comment fait-on pour en parler ? Comment fait-on pour garder ces lieux d’échange ? C’est notre rôle, pas celui de police sanitaire. Une ligne rouge a été franchie en termes de démocratie et d’éthique de notre profession. »
« Imposer l’obligation de discriminer, c’est impensable, c’est inimaginable de devoir trier des clients, des amis, des habitués, déclare ces gérants. C’est aussi discriminant pour leur personnel, ils ne peuvent pas se séparer de personnes qui bossent avec eux depuis longtemps. Ils se retrouvent entre le marteau et l’enclume, entre la coercition et la discrimination. »
Tout ça, c’est au-delà du passe sanitaire, c’est prouver qui on est et exclure ceux qui ne veulent pas suivre
Un, gérant ne voit pas comment il pourrait refuser l’entrée de son établissement à des habitués qu’il voit tous les jours. « Je ne suis pas vacciné, je n’ai pas envie de le faire. Mais à partir du 9 août, je ne pourrai pas ouvrir. Donc il va falloir rentrer dans le rang, me faire vacciner, moi aussi, regrette-t-il. Tout ça, c’est au-delà du passe sanitaire, c’est prouver qui on est et exclure ceux qui ne veulent pas suivre. »
Depuis la publication du communiqué commun, mardi 3 août, les signataires reçoivent le soutien de nombreux confrères, qui se joignent à la fronde. Tous attendent avec inquiétude la décision du Conseil constitutionnel jeudi avec, en dernier recours, « tout ce qui est légalement possible de faire pour [s’]opposer à l’application d’un passe sanitaire dans des lieux publics comme les [leurs] ».